À l’occasion du 9 mars, Journée mondiale du rein
Par Roxane Alamyalagha (Aryana), N.D.
Le rein constitue l’un de nos principaux émonctoires, les organes ayant pour fonction l’élimination des déchets cellulaires et des toxiques environnementaux accumulés par l’organisme.
Quels sont ses rôles ?
- Régulation de l’équilibre acide-base, en collaboration avec les poumons ;
- Excrétion des déchets azotés : ;
- l’urée et l’acide urique (issus de la dégradation des protéines endogènes et alimentaires par le foie), et
- la créatinine (provenant du fonctionnement des muscles) ;
- Excrétion des métabolites toxiques des médicaments et des hormones, inactivés par le foie ;
- Fabrication des cellules sanguines par la sécrétion de l’EPO, une hormone qui stimule la moelle osseuse rouge ;
- Régulation de la pression artérielle par la sécrétion d’une autre hormone : la rénine ;
- Production d’une forme active de vitamine D.
Le produit final de cette usine de purification, à savoir l’urine, est éliminée par les reins qui occupent aussi un rôle clé dans la régulation de l’homéostasie, c’est-à-dire de l’équilibre de notre milieu intérieur. Pour ce faire, les reins filtrent le sang, retiennent les déchets à éliminer, les minéraux en excès, ainsi que la charge acide du corps, lui permettant de se désacidifier. Les urines sont donc normalement acides !
Un adulte évacue, en moyenne, entre 1,2 et 1,5 L d’urine par jour. Néanmoins, la quantité d’eau éliminée, et le volume des urines dépendent de l’état d’hydratation ou de déshydratation de l’organisme.
En vieillissant, la faculté de concentration des urines et la capacité de filtration du sang par les reins diminuent pour atteindre 50 % vers la 70taine. L’urine est plus diluée ce qui peut causer des troubles du sommeil (besoin fréquent d’uriner). Cette concentration urinaire diminuée a un effet indésirable sur l’hydratation et le maintien de l’homéostasie.
Comment nos reins fonctionnent-ils ?
Les reins sont composés des millions de néphrons, les unités filtrantes, elles-mêmes, ont un minuscule filtre, appelé glomérule. Le sang passe par les glomérules et se débarrasse des toxines, déchets et excédent d’eau qui sont excrétés dans l’urine. Une lésion ou une infection peut attaquer imperceptiblement les glomérules et créer ainsi un dysfonctionnement rénal. Diverses causes peuvent provoquer l’insuffisance rénale chronique (IRC), certaines héréditaires, d’autres acquises.
La gravité d’un constat
L’insuffisance rénale chronique est une maladie grave et potentiellement mortelle. Les maladies rénales, nommées « silencieuses », ne provoquent aucun symptôme perceptible spécifique, avant un stade avancé. Il en résulte que : près d’un tiers des dysfonctionnements rénaux sont pris en charge tardivement ; à la phase d’insuffisance rénale chronique où les reins sont endommagés de manière irréversible, les malades font appel à des traitements lourds, dits de suppléance : la dialyse ou la transplantation.
Les maladies rénales touchent près de trois millions de personnes en France ; 1 Français sur 20 a les reins malades sans savoir !
D’après The International Federation of Kidney Foundations, 1 Canadien sur 10 en souffre.
Dix pour cent de la population mondiale est aux prises avec une forme quelconque de dysfonctionnement rénal. Un fléau qui ne cesse de progresser.
Quelques statistiques
- 36 251 personnes ont reçu des traitements pour l’insuffisance rénale terminale en 2015.
- Parmi elles, 58,5 % étaient en dialyse et 41,5 % étaient porteuses d’un greffon rénal fonctionnel.
- Chaque jour, 15 Canadiens en moyenne apprennent qu’ils souffrent d’insuffisance rénale terminale ; cela représente près de 5 500 personnes par année.
- 44,8 % des patients en dialyse ont survécu au moins cinq ans.
- 47 % des nouveaux patients qui commencent des traitements pour l’insuffisance rénale terminale ont moins de 65 ans.
- Le diabète est la principale cause de l’insuffisance rénale terminale chez presque 38 % des nouveaux patients.
- Le nombre de personnes qui reçoivent des traitements pour l’insuffisance rénale terminale a grimpé de 36 % depuis 2006.
- 1 513 transplantations rénales ont été effectuées en 2015.
- Il y avait 3 471 Canadiens sur une liste d’attente pour une transplantation rénale à la fin de 2015.
- 73 personnes en attente d’une transplantation rénale sont décédées en 2015.
Il est donc primordial de prendre soin de nos reins ! Mais comment ?
En voici quelques lignes directrices:
1) Observer une hygiène maximale au quotidien
- Diminuer certains aliments comme : abats, asperges, café soluble et chocolat, cresson, fruits de mer, épinards, fenouil, fruits secs, moutarde en grande quantité, oseille, persil,
rhubarbe, thé longuement infusé et vin blanc ; - Boire suffisamment d’eau pour éviter la concentration des urines et éliminer les cristaux avant qu’ils ne deviennent volumineux ;
- Consommer plus de fruits et légumes de toutes sortes, spécifiquement bananes et haricots, riches en potassium*.
- Éviter les eaux minérales trop riches en sels minéraux ;
- Ne pas retenir le besoin d’uriner, ceci risque de favoriser la prolifération des microorganismes;
- Porter des sous-vêtements en coton ;
- Adopter une hygiène corporelle adéquate, particulièrement pour les femmes, sans abuser des produits irritants destinés à la toilette intime ;
- Réduire notre consommation de protéines (viandes et produits laitiers) et de sel, surtout en cas de tendance à souffrir de calculs oxalocalciques.
Le paradoxe des maladies rares réside dans le fait qu’elles peinent à trouver les financements pour que les chercheurs puissent mieux les cerner et les vaincre… les grands laboratoires
confinés dans une logique de profit ne souhaitent pas consacrer les moyens suffisants à ces maladies. Autrement dit : le développement et la commercialisation de médicaments ne sont
pas rentables pour les industries pharmaceutiques. Le jeu n’en vaudrait-il pas la chandelle ?
Nonobstant, plusieurs établissements publics et privés ont retroussé la manche et entrepris d’importants programmes de recherche.
Attention ! : Les personnes en hémodialyse doivent limiter leur apport de potassium afin d’éviter un éventuel excès dans leur organisme entre les traitements.
2) Pratiquer des cures saisonnières
Un « grand nettoyage » de printemps s’avère indispensable. Pour ce faire :
- Utiliser des plantes* qui augmentent la production d’urine et favorisent le drainage des voies urinaires peut être bénéfique en traitement complémentaire ou en prévention.
Certaines plantes dépuratives dites « adaptogènes » aux propriétés diurétiques jouent un rôle de soutien des émonctoires. Elles augmentent le volume des urines et permettent ainsi de
prévenir la formation de calculs ou d’éliminer les bactéries responsables des infections.
Exemple : le bouleau (sève), la busserole, le genévrier, l’orthosiphon, le pissenlit ou la piloselle.
- Associer des plantes aux propriétés anti-infectieuses, telles que la canneberge, pour diminuer la fixation de certaines bactéries sur les parois des voies urinaires, ou l’échinacée qui est une immunostimulante.
Attention ! En cas d’insuffisance rénale ou lors des crises de calculs rénaux, l’utilisation des plantes diurétiques peut être contre-indiquée.
3) Nous débarrasser des habitudes nuisibles :
- La consommation du sucre
L’existence des protéines dans les urines est un signe précoce que nos reins ne fonctionnent pas correctement. Les études scientifiques ont démontré que les personnes qui consomment 2
ou plusieurs boissons sucrées par jour sont plus sujettes à avoir des protéines dans leur urine.
- L’habitude du café
Tout comme le sel, la caféine peut élever la tension artérielle et mettre une pression supplémentaire sur nos reins. Au fil du temps, la consommation débridée de café peut endommager nos reins.
- L’abus d’antalgiques
Beaucoup trop de gens prennent des antalgiques pour leurs petites douleurs, alors qu’il y a beaucoup de remèdes disponibles, efficaces et 100 % naturels. Une utilisation abusive d’antalgiques peut gravement détruire le foie et les reins.
- La consommation d’alcool
‘’Il n’y a pas de mal à déguster un verre d’un grand ou une bière bien fraiche’’, dit tout le monde. Le souci vient du fait que la plupart des gens ne s’arrêtent pas à un ou deux verres.
Ayons ceci à l’esprit : L’alcool est une toxine qui alourdit le fonctionnement des reins et du foie.
- Le manque de sommeil
Pendant la nuit, notre organisme répare les tissus rénaux endommagés ; alors donnons à notre corps le temps de se régénérer et se guérir.
Attention ! Un manque de sommeil peut être associé à de nombreuses maladies y compris une insuffisance rénale. Voyez-vous le cercle vicieux ?
4) Les carences en vitamines et en minéraux
Pour une bonne fonction rénale, il est important de suivre une alimentation saine et équilibrée incluant les fruits et des légumes frais. La vitamine B6 et le magnésium, par exemple, sont très
importants pour réduire le risque de calculs rénaux. Ne pas les manquer !
5) La surconsommation de protéines animales
En particulier, la viande rouge qui aboutit à une surcharge métabolique ou un dysfonctionnement de nos reins.
Le dépistage précoce pour mieux protéger nos reins
Pour plus d’un tiers des personnes qui souffrent d’une insuffisance rénale chronique (IRC), le diagnostic est posé à la dernière minute : ils doivent alors dialyser en urgence.
Un rein contient 1 million de néphrons ; ces minuscules unités fonctionnelles au sein desquelles s’effectuent la filtration du sang et la formation de l’urine. Une maladie qui ne serait
pas détectée à temps peut les détruire de manière irréversible.
Signes précurseurs et avancés des reins qui ne fonctionnent pas correctement :
Le plus facile à détecter est la couleur de notre urine.
Au réveil, les urines doivent être bien foncées, car le corps filtre tout le sang pendant la phase de sommeil. Si les reins fonctionnent bien, les urines doivent être foncées. Au fil de la journée,
et surtout, lorsque nous buvons suffisamment, les urines s’éclaircissent. Une coloration inhabituelle des urines doit être prise au sérieux.
Outre ce signe, une fatigue importante, une miction fréquente, des nausées et/ou vomissements, une perte d’appétit, l’essoufflement, les crampes nocturnes, les démangeaisons,
les oedèmes, l’apparition du sang dans les urines, une peau sèche et jaunâtre, les troubles du sommeil, une hypertension artérielle, une anémie, un oedème des membres inférieurs, une
fragilité osseuse, un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral sont des indications alarmantes.
L’insuffisance rénale chronique cause aussi, des anomalies du calcium et du phosphore sanguins qui ont des conséquences non seulement sur les os, mais aussi sur les vaisseaux qui
peuvent se calcifier, entrave une bonne circulation sanguine et entraine l’athérosclérose. Le dépistage précoce s’avère primordial.
Comment protéger nos reins ? Prévention propose !
Même en bonne santé, il existe des gestes simples pour nous prémunir de l’insuffisance rénale et avoir des reins en bonne santé.
- Pratiquer une activité physique régulière : nager, marcher, courir, faire du vélo… *BOUGER.
- Contrôler notre tension artérielle : comme il est mentionné précédemment, l’hypertension est la première cause de maladie rénale ;
- Surveiller notre taux de diabète (une des causes importantes d’insuffisance rénale) par une simple prise de sang ; Manger d’une manière équilibrée et saine afin de contrôler notre poids, en adoptant une alimentation variée, basée sur la consommation des produits frais ; en d’autres termes : prévenir l’obésité qui est souvent associée au diabète et a des conséquences néfastes reliées à l’insuffisance rénale ;
- Être attentif à notre consommation de sel (à moins de cinq grammes par jour) ; l’excès de sel favorise l’hypertension ;
- Boire entre 1,5 et 2 litres d’eau par jour. Une bonne hydratation réduit le risque de maladie rénale ;
- Diminuer les apports en protéines, en phosphates et en potassium ;
- Vérifier l’équilibre du diabète, le maintien d’une tension artérielle plus basse et la correction des anomalies biologiques associées.
- Arrêter de fumer. Le tabac favorise l’apparition d’une insuffisance rénale en réduisant le flux sanguin vers les reins. Il accélère l’évolution des maladies rénales. En plus, il accroit le risque de cancer du rein de 50 %.
- Se méfier également des régimes très protéinés, qui peuvent favoriser l’insuffisance rénale.
- Éviter l’automédication. Ne pas abuser des antidouleurs. La prise régulière des antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou l’aspirine peuvent endommager nos reins. Certains médicaments immunosuppresseurs, des pilules anticonceptionnelles. Garder la vigilance quant à l’abus de diurétiques et de laxatifs.
- Ne pas ignorer l’appel de la nature ! À nos jours, nous avons cette fâcheuse tendance de retarder l’absolue nécessité : à force de nous occuper des fausses « urgences »,
nous oublions le Réel Essentiel.
*NB : la transpiration évacue les toxines par la peau et allège, ainsi, la surcharge du travail des reins.
Conclusion :
Une approche diététique préventive est en effet indissociable.
L’importance d’une approche diététique s’accentue à mesure que l’insuffisance rénale progresse.
Les règles précitées d’hygiène préserveront non seulement nos reins, mais seront en plus bénéfiques pour la santé de notre coeur et le maintien de notre poids.
En savoir plus :
- www.fnair.asso.fr
- Registre canadien des insuffisances et des transplantations d’organes (RCITO) :
www.cihi.ca/ - The International Federation of Kidney Foundations— La fondation canadienne du
rein : www.rein.ca - Société française de néphrologie : www.soc-nephrologie.org/epublic/index.htm
- Fédérations européennes des patients rénaux : www.ceapir.org
- www.worldkidneyday.org
- Fondation AGIR Genève : www.fondationagir.ch
- Société Suisse de Néphrologie : www.nephro.ch
- www.kidneycommunitykitchen.ca/fr/